학술논문

Renée Auphan (Cigale et fourmi)
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VIDEO
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Relations professionnelles
Concert
Littérature
Musique
Scénographie
Mariage, couple
Presse
Migrations
Carrière
Architecture
Télévision
Relations avec les parents
Médias
Théâtre
Amitiés, inimitiés
Danse
Lecture
Arts, culture
Radio
Chant
Cinéma
Valeurs
Vocation
Influences
Musique, Théâtre
Difficultés professionnelles
Vacances
Maladies, handicap
Marcel Pagnol
Antoine Bourseiller
Richard Wagner
Henri-Louis Matter
Françoise Mallet-Joris
Claude Bessy
Georges Bizet
Ludmila Tcherina
Henri Sauguet
Jean Giraudeau
Marcel Achard
Francis Dresse
Jean-Philippe Lafont
Jules Massenet
Balthus
Marie Laure de Noailles
Louis Ducreux
Françoise Sagan
André Roussin
Andrée Esposito
Laurent Naouri
Giuseppe Verdi
Gérard Depardieu
Alain Vanzo
Hugues Gall
Georges Auric
Rolf Liebermann
Pier Luigi Pizzi
Wolfgang Amadeus Mozart
José Van Dam
Alberto Ginastera
Paul-René Martin
Giacomo Puccini
Joan Ingpen
Théâtre municipal de Lausanne
Opéra-Comique (Paris)
Académie nationale de musique et de danse (Paris)
Opéra Bastille (Paris)
Opéra de Marseille
Grand Théâtre de Genève
Language
French
Abstract
Quand sa mère, sa "meilleure amie", dit-elle, lui conseille de se présenter pour une place d'assistante metteur en scène à l'Opéra de Marseille, sa ville natale, elle n'y croit pas un instant. Et pourtant, le miracle s'opère: elle est engagée, et c'est le début d'une grande aventure. Tout en apprenant son métier de gestionnaire, elle prend des leçons de chant, mais elle sait que sa voie est ailleurs. Une mauvaise grippe en décide, à la suite de quoi elle se voue entièrement au métier de directrice d'Opéra. Lausanne l'appelle alors pour revivifier son Festival. Mais elle exige de pouvoir créer de toutes pièces un Opéra, avec la réussite que l'on sait. Puis c'est Genève, où les débuts seront durs, la presse ne lui faisant pas de cadeaux, contrairement au public qui l'accueille favorablement. Sa ténacité fera le reste. Aujourd'hui, retour aux sources, elle dirige l'Opéra de Marseille ! 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Renée Auphan et tourné sur la Côte vaudoise le 23 mars 2002. L'interlocuteur est François Hudry. 00:00:11 – 00:00:55 (Séquence 1) : L'interviewer présente Renée Auphan. Il explique qu'elle est une des rares femmes à avoir percé dans un milieu assez fermé et masculin, celui de l'opéra. Il explique que Genève et Lausanne, peu portés à collaborer, ont "chanté la Marseillaise" avec elle. 00:00:55 – 00:01:07 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Renée Auphan et tourné sur la Côte vaudoise le 23 mars 2002. L'interlocuteur est François Hudry. 00:01:07 – 00:03:08 (Séquence 3) : L'interviewer demande à Renée Auphan si ses débuts ressemblent à un conte de fées. Elle répond que oui. Elle est née à Marseille, dans un quartier populaire. Ses parents ne s'entendaient pas très bien. Ils n'aimaient pas l'opéra. Sa mère lui a par contre donné goût à la littérature et au théâtre. Elle pense que, pour les jeunes générations, il est impossible d'imaginer ce qu'a été sa jeunesse : sans télévision, seulement la radio. Elle explique qu'on lisait et se racontait des histoires. Sa grand-mère et la sœur de son père lui racontaient l'opéra. Elle a commencé à rêver de sa vie future, entre littérature, théâtre et Amérique. Depuis sa fenêtre, elle voyait le port avec les bateaux américains. Elle pense que la vie qu'elle a rêvée s'est réalisée. 00:03:09 – 00:04:09 (Séquence 4) : Renée Auphan parle de sa relation avec sa mère. Elle dit avoir vraiment découvert ses parents vers 30 ans. Avant, elle les aimait beaucoup mais sans plus. A l'âge adulte, sa mère est devenue sa plus grande amie. Après coup, elle s'est aperçue de ce qu'elle était. Tout ce qu'elle a de bon elle pense le devoir à sa mère. 00:04:11 – 00:06:59 (Séquence 5) : Renée Auphan explique que sa mère avait la manie de lire toutes les petites annonces, travail, décès, etc. Dans le journal "Le Provençal", elle voit une annonce qui recherchait une assistante metteur en scène à l'Opéra de Marseille. Le metteur en scène s'appelait Louis Ducreux-Picon, une grande famille de Marseille. C'était un travail d'un mois payé 1000 francs, un bon salaire. Sa mère l'a poussée, et elle a eu le poste, alors qu'elle n'y croyait pas. Elle a commencé avec Manon de Massenet. 00:07:01 – 00:07:42 (Séquence 6) : Renée Auphan explique que le stage d'un mois s'est prolongé sur plusieurs années. A peine arrivée dans les coulisses de l'Opéra, quelque chose s'est passé, qui fait qu'elle est entrée et elle n'est jamais plus sortie de ce monde. 00:07:45 – 00:09:56 (Séquence 7) : Renée Auphan explique qu'elle était émerveillée d'écouter chanter le ténor et l'actrice qui jouait le rôle de Manon. Elle a eu envie de faire pareil. Elle a commencé à chanter la partie de Manon dans les couloirs. On lui a prié d'arrêter, car elle dérangeait. Aujourd'hui, elle comprend ce geste. Elle occupe un bureau où elle entend chanter les professionnels et les non professionnels. Ces derniers sont énervants. Suite à cette injonction de se taire, elle a décidé d'apprendre le chant. Elle avoue se vexer facilement. 00:10:00 – 00:10:20 (Séquence 8) : Renée Auphan explique que Ducreux lui disait qu'elle était folle de vouloir chanter. Elle pense qu'effectivement ça l'était, elle avait 20 ans. Louis Ducreux est celui qui lui a tout appris dans ce métier. 00:10:24 – 00:12:12 (Séquence 9) : L'interviewer demande à Renée Auphan si la découverte de Paris, avec Louis Ducreux, qu'elle décrit dans son livre "Mezza Voce", a fait basculer son monde. Elle dit que le monde a basculé le jour où elle est entrée à l'Opéra de Marseille et a rencontré Louis Ducreux et son entourage. Elle trouve que c'est difficile d'imaginer aujourd'hui la vie culturelle de Paris à l'époque. On pouvait réunir dans une même soirée tout ce que comptait le domaine de la littérature, de la peinture et de la danse. Elle se souvient d'un cocktail chez Ducreux où il avait invité Ludmilla Tcherina, Claude Bessy, Marcel Pagnol, Georges Auric, Sauguet, André Roussin, Marcel Achard, Balthus. A la première des opéras, il y avait aussi Françoise Sagan, Françoise Mallet-Joris, c'était presque le XIXe siècle, où tous les artistes se côtoyaient. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. A l'opéra aujourd'hui, seul Depardieu y va. 00:12:16 – 00:13:41 (Séquence 10) : Renée Auphan explique qu'elle était extrêmement émue de rencontrer Marcel Pagnol. Marie-Laure de Noailles ne l'aimait pas trop, elle était plus âgée, il y avait une rivalité de dames. Certaines femmes ne supportent pas la présence de jeunes filles. Elle se sentait bête et en admiration devant ce milieu d'artistes. 00:13:46 – 00:15:29 (Séquence 11) : Renée Auphan dit avoir eu une grande chance de pouvoir suivre les cours du professeur de chant [ D'Amico ]. Elle apprenait le métier d'assistante de direction de théâtre et elle avait du temps libre pour apprendre le chant. Il avait 90 ans et était le professeur de tout le chœur de Monte-Carlo. Elle avait une leçon tous les jours. Elle a l'habitude de dire aux jeunes chanteurs qu'elle rencontre qu'il faut travailler tous les jours. Elle ne prenait que huit jours de vacances par an. [ D'Amico ] a fabriqué une voix sur quelque chose qui existait, sur des cris perçants. Elle a pris des cours pendant quatre ans, il est mort entre temps. Si elle en avait pris trois ans de plus sa technique s'en serait mieux portée. 00:15:35 – 00:16:22 (Séquence 12) : Renée Auphan explique qu'elle n'était pas décidée à faire une carrière de chanteuse, elle avait son métier d'assistante de metteur en scène et surtout elle ne croyait pas avoir les qualités, la voix qu'il fallait. Elle chantait dans de petits concerts. Elle se souvient d'un concert donné à Nice, pour un public âgé, avec des extraits de "Manon", de "Madame Butterfly". Il a fallu qu'on la pousse pour qu'elle se décide. 00:16:28 – 00:18:07 (Séquence 13) : Renée Auphan explique que Jean Giraudeau a été la personne qui l'a poussée à continuer et qui lui a offert un emploi. Il était à l'époque directeur de l'Opéra-Comique. Il avait demandé à Louis Ducreux d'auditionner une chanteuse italienne à Monte-Carlo. La chanteuse avait raté son avion, Renée Auphan avait organisé l'audition. Elle a chanté à sa place, sans angoisse, puisqu'elle n'avait pas d'attentes. Elle a chanté tout son répertoire, Musette, Manon, Traviata. Jean Giraudeau lui a proposé une place de soprano dans son opéra. Elle a demandé à sa mère, qui lui a dit qu'elle était folle, mais elle a décidé d'y aller. 00:18:14 – 00:19:27 (Séquence 14) : L'interviewer dit que la notion de troupe n'existe plus aujourd'hui. Renée Auphan explique que les deux Opéras de Paris avaient une troupe de 60 chanteurs, ce qui était peut-être trop, et qu'elle a été ensuite dissoute. Ceux qui sortaient du Conservatoire avec un prix entraient automatiquement dans la troupe. De grands ténors comme Alain Vanzo, André Esposito et les autres stars du chant français faisaient partie de la troupe. A côté d'eux, il y avait les jeunes, comme elle, qui avait commencé dans de petits rôles, le [ Conturi ], un Chérubin, une Musette. C'est comme ça qu'elle a appris son métier. 00:19:35 – 00:21:21 (Séquence 15) : L'interviewer demande à Renée Auphan d'expliquer pourquoi, dans les pays germaniques, les troupes d'opéra continuent à exister alors que ce n’est plus le cas en France et en Suisse romande. Elle dit que dans les pays germaniques l'opéra joue tous les jours, ce qui n'est pas le cas des pays latins, à l'exception de la Bastille. Le public n'a jamais été assez nombreux. La fidélité du public dans les pays germanophones est une deuxième explication. En France et en Suisse romande, il y a selon elle un besoin de diversité. A l'époque, il y avait des embryons de troupes en France. Elle se souvient d'une petite troupe à Marseille, de cinq ou six chanteurs, dont le ténor Francis Dresse qui faisait tous les rôles. Ils ont chanté 20 ans dans la même ville. 00:21:30 – 00:23:40 (Séquence 16) : Renée Auphan explique qu'avec Rolf Liebermann à Paris, l'Opéra a atteint le sommet, il est devenu le plus grand théâtre du monde, mais il a dû faire des choix. Elle était dans la troupe de l'Opéra et n'était pas très favorable à son arrivée. Tout le monde était horrifié de constater que Rolf Liebermann allait casser la troupe. Le chant français a beaucoup subi. Elle a eu la chance, avec cinq autres chanteurs, d'être réengagée par Liebermann. Le chant français n'a plus évolué. Avec l'arrivée de Rolf Liebermann et de Joan Ingpen, tout le monde pensait qu'ils allaient faire comme à Londres où, par une volonté politique, ils ont formé des chanteurs anglais alors qu'il n'y en avait pas. Aujourd'hui, il n'y a plus cette éducation musicale qui faisait la troupe, qui permettait d'avancer et de faire une longue carrière. Dans les exemples français de longue carrière, il y a Jean-Philippe Lafont, Naouri et José Van Dam qui en fait est belge. 00:23:49 – 00:24:35 (Séquence 17) : Renée Auphan explique qu'à cause d'un rhume qui ne passait pas, elle a été obligée d'arrêter de chanter durant une année. Là, sa vie a été un cauchemar. Sa vie a donc basculé une fois encore. Elle a changé de voie et de voix. 00:24:44 – 00:26:04 (Séquence 18) : L'interviewer dit que Renée Auphan était destinée à changer de voie professionnelle. Ses débuts comme assistante de metteurs en scène, à Marseille et à Monte-Carlo, l'ont préparée pour Lausanne et Genève. Elle explique que sa carrière avait commencé en effet par la gestion de la scène et des contrats, et qu'elle est devenue chanteuse ensuite. En étant chanteuse, elle pensait toujours gestion, elle ne pouvait pas se désintéresser de ce qui se passait autour. Ce qui n'était pas bien, car le chanteur doit se concentrer sur lui-même. Une attitude qui n'était pas compatible avec une carrière. Dans son esprit, elle ne se voyait pas chanteuse pour toujours. Elle n'était du reste pas perçue comme une vraie chanteuse. A Nancy, auprès d'Antoine Bourseiller, elle a fait une révision de ce qu'elle avait appris avant de chanter, ensuite elle est partie en Suisse. 00:26:14 – 00:26:59 (Séquence 19) : Renée Auphan explique qu'elle s’est mariée avec un Suisse, qui lui avait été présenté par un Marseillais. Elle venait en vacances à Lausanne, elle connaissait le Palais de Beaulieu, le Théâtre municipal. Ensuite, elle s'est installée à Lausanne. 00:27:09 – 00:28:30 (Séquence 20) : Renée Auphan explique que lors de la présentation de sa candidature pour le Festival de Lausanne, elle a tout de suite annoncé ses intentions. Elle n'était pas intéressée de prolonger un festival qui s'adaptait mal au Palais de Beaulieu. Elle a dit qu'elle voulait faire un Opéra. Paul-René Martin, syndic, lui a fait confiance. Elle a mis sur pieds une saison d'opéras avec une minuscule équipe du Théâtre municipal. Une équipe extraordinaire. Elle cite sa secrétaire Hélène Zuberbühler. 00:28:41 – 00:29:59 (Séquence 21) : Renée Auphan explique que, lorsqu'elle a été nommée directrice du Théâtre, elle s'est trouvée seule sur la scène de son théâtre et a compris qu'elle réalisait son rêve. Elle se l'est complètement approprié, et elle l'a fait repeindre, grâce à Pier Luigi Pizzi. Le ton, le matiérage de marmorino rouge avec un cadre de scène noir lui a été reproché. Il avait un côté Napoléon III. Aujourd'hui, avec du recul, elle trouve que c'était un choix magnifique. C'est un théâtre qui est pratiquement unique en son genre. 00:30:10 – 00:31:17 (Séquence 22) : Renée Auphan parle de ses débuts au Théâtre municipal de Lausanne devenu l'Opéra de Lausanne. Organiser une saison a été la première difficulté. Dans le théâtre, il n'y avait pas de personnel qualifié. Il n'y avait pas de pianiste accompagnateur. Il y avait beaucoup de pianistes dans la région, mais pas de chefs de chant, ce qui est un métier à part. Pas de régisseur de scène, seulement un petit groupe de cinq machinistes. Elle a été trop ambitieuse, elle a fait une vraie saison : sept opéras et sept ballets. En plus de ça, des concerts qu'elle avait organisés pour garder une sorte de mini festival. 00:31:28 – 00:31:57 (Séquence 23) : Renée Auphan explique sa marque de fabrique, ce qu'elle a appris et qui l'intéresse dans le théâtre lyrique. Ce dernier doit être fait par des chanteurs acteurs. Elle a voulu épater le public avec cet aspect. Elle dit s'être toujours tenue à son propos, et elle n'a jamais engagé une personne qui n'avait pas le physique ou la voix de l'emploi. 00:32:09 – 00:33:45 (Séquence 24) : Renée Auphan parle des problèmes de la mise en scène. Selon elle, on se trouve aujourd'hui face à une dérive, dont elle a été la victime. Elle reproche aux metteurs en scène de ne penser qu'à se montrer et à faire parler d'eux dans la presse. Pour elle, la mise en scène doit mettre en valeur les personnages. L'important de l'opéra, c'est l'émotion, une émotion unique qu'on n'éprouve presque jamais au théâtre ou au cinéma. Cette émotion n'est pas véhiculée par le décor, mais par le chanteur, s'il est présent, s'il est mis en valeur et s'il arrive à faire pleurer ou rire. La plupart des metteurs en scène ne s'intéressent plus aux chanteurs. Même de grands chanteurs d'opéra se laissent manipuler par des gens qui ne savent pas ce qu'est l'opéra, le théâtre lyrique, voire le théâtre tout court. 00:33:58 – 00:35:34 (Séquence 25) : Renée Auphan parle de son unique travail de mise en scène, "La Femme et le Pantin" de Henri-Louis Matter. C'était une œuvre nouvelle qu'il fallait bien servir. Elle a longtemps cherché sans trouver de metteur en scène. Sûre d'en être capable, elle a décidé de le faire elle-même. Elle explique que si elle le faisait aujourd'hui, elle ne suivrait pas le courant dominant. Elle ne s'explique pas comment cette évolution s'est produite. Elle pense que la presse a contribué en se laissant impressionner par des éléments visuels qui, selon elle, n'ont aucun intérêt. Au centre sont la musique et le texte. Elle craint qu'en tant que metteur en scène, elle ne se serait pas bien entendu avec la presse. 00:35:47 – 00:37:59 (Séquence 26) : Renée Auphan explique que ce qu'elle arrive à réaliser représente le 30 % de ce qu'elle aimerait faire. L'argent n'est pas la seule explication, même s'il joue un rôle énorme. Le métier a changé sans son ensemble. Du directeur à l'agent, du chanteur au chef d'orchestre, tout est devenu très difficile. Un projet sur trois s'effondre au moment même où les contrats devraient être signés, souvent par le simple départ d'un chanteur qui entraîne d'autres départs. De grands chefs d'orchestre acceptent de travailler uniquement avec certains chanteurs, et refusent le projet s'ils ne sont pas libres, et vice-versa. 00:38:13 – 00:39:18 (Séquence 27) : L'interviewer demande à Renée Auphan ce qui touche aujourd'hui le public à l'opéra. Elle trouve qu'il y a une magie qu'on ne trouve dans aucun autre spectacle ni au cinéma. L'exploit que fait le chanteur touche le public, car c'est un effort extraordinaire qui relève un peu de la magie. Pas tout le monde adhère à l'opéra. Elle cite l'exemple de sa cousine et de ses deux petites filles, qui sont venues chez elle la première fois à l'opéra. Après cinq heures de Siegfried, les deux filles ont demandé si le spectacle était déjà fini. Elles avaient connu la magie de l'opéra, la même magie qu'elle connaît toutes les fois qu'un spectacle est réussi. 00:39:33 – 00:40:20 (Séquence 28) : Renée Auphan explique que les grands classiques de l'opéra sont attendus par le public. Grâce aux metteurs en scène et aux chanteurs, ils sont toujours renouvelés. Il y a des voix qui nous font sentir des frissons et d'autres non, et c'est ce qui fait que l'opéra ne sera jamais un musée. Mais ceci n'exclut pas de faire autre chose que la Traviata et Carmen, le public ne voudrait pas écouter que ça. 00:40:35 – 00:41:25 (Séquence 29) : Renée Auphan ne pense pas que c'était mieux avant. Aujourd'hui, il y a des chanteurs formidables. Avant il y avait d'autres critères. Les chanteurs qui faisaient carrière autrefois ne pourraient pas le faire maintenant. Ils chantaient tout le répertoire, mais on ne sait pas ce qu'ils chantaient vraiment bien. Aujourd'hui, on demande une musicalité et un style pour chaque ouvrage. En effet, elle aime écouter Mozart avec un style mozartien, une certaine couleur de l'orchestre, une certaine unité dans le chant. Chaque compositeur à son style, Verdi ne se chante pas comme Puccini. Elle dit que, jusqu'à maintenant, la question du style était importante mais qu'elle remarque un petit fléchissement. 00:41:41 – 00:42:56 (Séquence 30) : Renée Auphan parle de son arrivée à l'Opéra de Genève. Le début a été très difficile. Elle devait succéder à Hugues Gall. Elle avait la pression de faire aussi bien que lui avec un budget qui avait commencé à diminuer les trois dernières années avant son arrivée. On attendait d'elle qu'elle fasse des miracles, ce qu'on attend toujours des nouveaux directeurs. En plus, elle venait de Lausanne et elle était une femme. 00:43:12 – 00:44:03 (Séquence 31) : L'interviewer rappelle que la critique genevoise n’a pas épargné Renée Auphan. Elle ne sait pas expliquer si c'était dû au fait d'être une femme, si c'était à cause de la succession à Hugues Gall. Elle pense avoir une personnalité qui énerve. La situation a atteint un paroxysme. Elle se demande si l'incompréhension entre elle et une partie de la presse n'est pas due à sa personnalité. Le public, elle sent tout de suite s'il est avec elle. Par contre, la presse est un petit monde à part. Si le courant ne passe pas, rien ne passe. 00:44:19 – 00:45:43 (Séquence 32) : Renée Auphan explique que le bilan de ses années à Genève est positif. Les trois premières années ont été dures, bien qu'elle ait eu beaucoup de satisfaction. Avec le public, ça a marché très bien. Elle le sent à sa présence dans la salle et aux lettres qu'elle reçoit. Elle a reçu beaucoup de lettres de sympathie, surtout de femmes, aussi bien à Lausanne qu'à Genève. Un autre élément positif est la réalisation de travaux dans la salle du Grand Théâtre, alors que les finances de la municipalité étaient difficiles. Une dernière satisfaction est celle d'avoir ouvert un deuxième théâtre, le Bâtiment des Forces Motrices. Un succès vu l'époque actuelle. Elle a eu la chance d'inaugurer un théâtre bâti pour elle, pour sa saison et sa clientèle. Cette joie lui fait dire avoir vécu un conte de fées. 00:46:00 – 00:46:46 (Séquence 33) : Renée Auphan dit qu'elle s'est ouverte à la musique contemporaine, contrairement à ce qu'en disent les critiques. Chaque année, elle a présenté une œuvre contemporaine. Elle explique que la musique contemporaine est très vaste et comprend tout le XXe siècle. Elle a choisi les œuvres qu'elle aime et qui avaient la chance de plaire au public, c'est-à-dire les personnes qui payent pour écouter et voir ce qu'elle présente. Elle cite l'exemple de "Beatrix Cenci" de Ginastera, une œuvre difficile mais éminemment théâtrale, du théâtre lyrique et de la musique contemporaine. Elle a aussi présenté une œuvre baroque chaque année. 00:47:04 – 00:47:41 (Séquence 34) : Renée Auphan dirige actuellement l'Opéra de Marseille. Née dans cette ville, elle y a fait ses débuts de carrière. A priori, elle est donc mieux accueillie qu'un étranger. Son objectif est de remettre sur pied le Théâtre qui était en train de dépérir. 00:48:00 – 00:48:11 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Renée Auphan et tourné sur la Côte vaudoise le 23 mars 2002. Lien aux découpage sur la base de données original
Guy Demole, Fonds Rapin de l'Etat de Genève, Loterie Romande – Organe genevois de répartition, Ville de Genève, Ville de Lausanne.
Œuvres citées : Massenet, Jules. "Manon"; Puccini, Giacomo. "Madame Butterfly"; Verdi, Giuseppe. "La Traviata"; Puccini, Giacomo. "La Bohème"; Wagner, Richard. "Siegfried"; Bizet, Georges. "Carmen"; Ginastera, Alberto. "Beatrix Cenci"