학술논문

Hughes Richard (Poète et libraire en chambre)
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VIDEO
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Subject
Language
French
Multiple Languages
Abstract
Après une enfance heureuse au village, où il acquiert le goût des mots, il traverse une adolescence troublée et connaît ensuite des années d'errance à la recherche d'un centre de gravité, qu'il trouve finalement grâce à la poésie. Aujourd'hui, au milieu de ses livres, il aime ce moment avant l'aube, où le matin monte dans le silence : c'est alors qu'il écrit le mieux. Ce parcours nous est conté avec une fougue communicative. 00:00:00 – 00:00:21 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Hughes Richard, poète et libraire en chambre, et tourné aux Ponts-de-Martel le 8 septembre 1995. L'interlocuteur est Maurice Born. 00:00:21 – 00:02:10 (Séquence 1) : L'interlocuteur présente Hughes Richard, né en 1934 à Lamboing. L'entretien se passe à environ 30 km de sa ville natale, aux Ponts-de-Martel. Hughes Richard est invité à présenter la trajectoire de sa vie, en commençant par son enfance au village. Hughes Richard a aimé les villages et aurait même souhaité devenir leur dernier poète, après des auteurs tels qu'Essenine, Gustave Roud ou Maurice Chappaz. 00:02:10 – 00:04:16 (Séquence 2) : Quand Hughes Richard est né sur le Plateau-de-Diesse au-dessus du lac de Bienne des événements se passaient en Autriche, en Allemagne et en France. Dès ses premières années, ses grands-parents paternels souhaitaient qu'il passe du temps avec eux. Hughes Richard raconte cette histoire car c'est son premier souvenir. Sa mère couturière lui avait confectionné une petite valise pour ses premières vacances à la ferme des grands-parents. 00:04:16 – 00:05:11 (Séquence 3) : Dans la maison des grands-parents, Hughes Richard, qui avait de la peine à s'exprimer, jouait avec sa grand-mère à apprendre les mots en visitant toutes les pièces de la ferme. 00:05:12 – 00:08:38 (Séquence 4) : L’interlocuteur invite Hughes Richard à revenir sur la notion des mots, des sons et de leur signification. Sa grand-mère lui a transmis le goût des mots, de la langue française et du parler régional. Le grand-père, maire du village, horloger, paysan, passionné d'histoire locale, lui a transmis l'histoire de la région et celle de ses ancêtres. Son grand-père disait que la famille était la descendance de desperados qui défrichaient le pays. La notion de défricheur de la nature plaît à Hughes Richard. Il se considère comme un défricheur d'écriture. 00:08:40 – 00:09:36 (Séquence 5) : Hughes Richard évoque son enfance, la mort du grand-père, la reprise du domaine par son père, son entrée à l'école primaire puis son entrée au pro-gymnase grâce à l'inspecteur scolaire. Cette personne représente pour Hughes Richard une sorte de signe et il précise qu'il a toujours été très sensible aux signes. L'entrée au Progymnase de La Neuveville représente la première grande cassure dans la vie de Hughes Richard. 00:09:39 – 00:11:48 (Séquence 6) : Hughes Richard parle de son adolescence passée au Progymnase de La Neuveville et de ses sentiments. Hughes Richard a aimé la Neuveville. Il a rapidement été intégré à un groupe d'amis dans lequel il se sentait à l'aise. Ces années ont été capitales aux yeux de Hughes Richard. Il a pensé faire une carrière d'acteur, puis devenir footballeur professionnel. Il a rencontré Francis Giauque qui était dans sa classe. 00:11:51 – 00:13:01 (Séquence 7) : Hughes Richard évoque le moment où il a eu la révélation de la poésie. Il se souvient que c'était le dernier vendredi avant les vacances. Il allait sur ses 13 ans et le professeur a lu à la classe des poètes modernes : Francis Jammes, Paul Fort, Ramuz, Henri de Régnier, et le poème "Adieu" d'Apollinaire dont Hughes Richard cite un extrait. 00:13:04 – 00:15:04 (Séquence 8) : Hughes Richard raconte ses sentiments lorsqu’à 16 ans il a dû quitter l'école. Ses amis savaient ce qu'ils souhaitaient faire après la fin de leur scolarité, lui n'y avait pas songé. Il a longtemps porté le deuil de la dislocation du groupe d'amis. Comme il ne savait pas ce qu'il voulait faire, il a été envoyé en Suisse allemande en tant que garçon-boucher dans un chef-lieu de l'Emmental. Le soir, il suivait des cours d'allemand. Un soir alors qu’il rentrait de son cours, le professeur qui l’accompagnait lui a montré une fenêtre dans laquelle il y avait une signature gravée de Johann August Suter. Hughes Richard présente cette découverte comme un signe qui a préfiguré la suite de sa vie. 00:15:08 – 00:16:06 (Séquence 9) : Hughes Richard parle de ses fugues de son travail : il a fui son emploi de garçon-boucher à Berthoud puis celui de colleur d'étiquettes sur des bouteilles de cidre. 00:16:11 – 00:18:10 (Séquence 10) : Après avoir quitté ses emplois, Hughes Richard est parti voir la mer. Il cultivait ce rêve depuis son enfance. Il raconte son expérience de sa traversée de la frontière, de ses sentiments, de son périple en France et les emplois qu'il a effectués. Il est arrivé près des Saintes-Maries-de-la-Mer puis est remonté vers le nord en direction de Paris. Au cours de son trajet, il a rencontré un cirque et a été engagé pour s'occuper de la caisse. Lorsque des disputes ont éclaté au sein du cirque, il a repris la route. Hughes Richard a été découvert près de Versailles et a été renvoyé en Suisse. 00:18:16 – 00:19:42 (Séquence 11) : A son retour en Suisse, Hughes Richard se sentait désoeuvré. Il est entré à l'Ecole normale de Porrentruy sur laquelle. Les murs et couloirs de l'institution l'ont effrayé dès le premier jour. Sa chambre était pour lui comme une cage. L'école formait de nombreux instituteurs qui étaient envoyés dans les villages. Il considère avoir vécu 27 mois de normalisation et de régression. 00:19:48 – 00:20:45 (Séquence 12) : Hughes Richard a été renvoyé de l'Ecole normale de Porrentruy, il était content de partir, mais ne savait pas quoi faire. Il se sentait banni du Jura. Il était persuadé de ne plus y revenir. Il a exprimé une certaine réserve dans les affaires jurassiennes qui commençaient à être sérieuses à cette époque. 00:20:51 – 00:24:08 (Séquence 13) : Comme Hughes Richard se sentait banni du Jura, il a eu envie de partir loin de la région. Et comme il ne pouvait pas rentrer dans son village, il a dû se prendre en charge. Avec son vélo de course, son sac de couchage et l'argent qui lui restait, il est parti voyager dans les pays d'Europe pendant quatre ans. Il précise que c'était facile de faire de l'autostop. Il suivait l'adage, "vivre au jour le jour", inspiré par sa lecture du livre "Vol à voile" de Cendrars. Ce texte disait que "la vie somme toute n'est admissible que si on la réinvente chaque jour". Les fins d'années, il revenait vivre à Neuchâtel et lisait beaucoup. En Allemagne, Hughes Richard a senti le besoin de trouver un centre de gravité. 00:24:15 – 00:26:29 (Séquence 14) : Hughes Richard est finalement revenu en Suisse. Un jour, il reçut un télégramme d'un inspecteur lui proposant un poste d'enseignement. Après avoir abandonné son projet de voyage en Espagne, Hughes Richard est arrivé à l'école des Combes de Nods situé proche de son village natal. Hughes Richard souligne le nom de l'arrêt d'autobus où il est descendu qui lui semblait de mauvais augure : "la Ruine". Il pensait qu'il n'allait pas tenir le coup, mais il a eu finalement un bon contact avec ses élèves et les paysans du coin. 00:26:36 – 00:28:20 (Séquence 15) : Dans le village, Hughes Richard ressentait une grande solitude intellectuelle. Il pensait écrire mais ni dans sa famille ni sur le plateau n’existait une tradition de l'écriture. Son ami Giauque, qui était parti en Espagne à sa place, est revenu s'installer au village dans un mauvais état de santé. Il informa Hughes Richard des dangers de l'écriture. 00:28:28 – 00:29:08 (Séquence 16) : Alors qu’Hughes Richard s’était installé dans le Jura, la région était en train de découvrir l'œuvre de Werner Renfer. Richard Hughes était touché tant par l'œuvre que par l'homme et trouvait qu'il y avait des analogies entre le parcours de Werner Renfer et le sien. 00:29:17 – 00:31:05 (Séquence 17) : Hughes Richard a commencé à prendre l'écriture au sérieux aux Combes de Nods. Il n'avait pas de modèle ni d'élan pour devenir écrivain. Il s'est mis progressivement à écrire dans l'idée de laisser une trace de son passage aux Combes de Nods. Les écrits de cette période forment un recueil de poèmes intitulé "La vie lente". Ce dernier est illustré par Jean-François Comment. Hughes Richard a aussi écrit un livre sur le thème de la fuite de ses 16 ans intitulé "La saison haute". 00:31:15 – 00:33:24 (Séquence 18) : Hughes Richard s’est occupé de la publication des écrits de Francis Giauque. Il est entré en contact avec des poètes grâce à Charles Mouchet, Michel Soutter, Claude Aubert, Jean Hercourt. Par le biais de ces personnes et à cause de l'œuvre de Renfer, Hughes Richard a commencé à écrire des articles dans la presse. La période passée aux Combes de Nods symbolise une étape de recentrement. Après avoir rencontré des problèmes dans sa classe avec des enfants souffrant de troubles psychologiques, Hughes Richard a pensé recommencer ses études à l'Institut Rousseau mais il est finalement parti pour Paris. 00:33:34 – 00:34:58 (Séquence 19) : Hughes Richard explique les raisons pour lesquelles il est parti à Paris. Alors que son poète préféré, Reverdy, disait qu'il y avait trop de monde dans cette ville pour pouvoir y rencontrer qui que ce soit, Hughes Richard y est entré en contact avec plusieurs poètes. Il a rencontré Haldas qui travaillait pour les Editions Rencontre. 00:35:09 – 00:36:56 (Séquence 20) : Par l'intermédiaire de Georges Haldas, Hughes Richard a trouvé un emploi en tant que secrétaire d'un prix littéraire, celui du prix Rencontre. L'idée était de redonner le prix Goncourt avec un recul d'une cinquantaine d'années. Hughes Richard était chargé d'établir les listes de tous les volumes parus et, comme le premier prix Goncourt attribué à John-Antoine Nau datait de décembre 1903, il a commencé à dresser des listes à partir de cette date. Par ce travail, Hughes Richard a découvert la Bibliothèque nationale de France puis tous les libraires et bouquinistes de Paris. 00:37:07 – 00:37:38 (Séquence 21) : Hughes Richard raconte comment il a rencontré Robert Kanters, l'un des jurés du prix Rencontre, directeur des Editions Denoël dans lesquelles étaient publiées les œuvres complètes de Cendrars. Hughes Richard a été sollicité pour établir une bibliographie complète des œuvres de Cendrars. 00:37:49 – 00:38:56 (Séquence 22) : A la Bibliothèque nationale, Hughes Richard croisait toujours les mêmes chercheurs, dont certains établissaient des calepins de bibliographies. Il a commencé à dépouiller tous les quotidiens et périodiques qu'il pouvait pour ses recherches sur Cendrars. Ces notes ont formé la matière de son livre "Dites-nous, Monsieur Blaise Cendrars… " 00:39:07 – 00:39:59 (Séquence 23) : Hughes Richard avait un contrat avec l'institution d'encouragement à la recherche : Fonds national suisse de la recherche scientifique. Il leur a donné son livre mais l'éditeur ne le publiait pas. Hughes Richard évoque la fin de son travail pour les Editions Rencontre, son départ de Paris et son retour en Suisse, à Neuchâtel. Il était alors malade et fatigué. 00:40:10 – 00:41:48 (Séquence 24) : Par son travail de chercheur, Hughes Richard a trouvé des écrits inédits d'Apollinaire, d'Eluard, d'Aragon, et de Desnos. Il a pu écrire des articles et même des petits livres. Son éditeur a arrêté soudainement de publier ses livres. C'est une période où il a commencé aussi à éprouver une certaine nostalgie de la Suisse. 00:42:00 – 00:44:43 (Séquence 25) : Hughes Richard raconte les difficultés qu'il a eues à vivre de l'écriture. Après environ 18 mois d’exercice d’écriture d’articles, il était épuisé de devoir sans cesse réclamer l’argent qui devait payer son travail. Il a tout laissé tombé. Il est entré un jour dans une librairie ancienne qui contenait des ouvrages sur divers thèmes. Il était fasciné par la découverte de tout ces secteurs. Il a alors appris le métier : rédiger une fiche, acheter un livre, ajuster les prix, rédiger des listes et catalogues. Un jour, cette librairie a fermé et il a perdu son activité. Sa femme n’avait plus d’emploi. Ils se sont alors demandé ce qu’ils allaient faire. Hughes Richard a eu l’idée d’avoir sa propre librairie. Comme il avait besoin également de temps pour se consacrer à l’écriture, il a eu l'idée d'inventer la formule librairie en chambre qu’il a établie aux Ponts-de-Martel, car il était difficile de trouver des locaux en Suisse romande à cause de la folie immobilière. 00:44:56 – 00:46:05 (Séquence 26) : Parallèlement à l'écriture, Hughes Richard a continué son travail d'édition. L'interlocuteur souligne les projets de Hughes Richard notamment le projet de travail sur les auteurs jurassiens. Hughes Richard a surtout continué à écrire des poèmes, puis il s'est essayé à la prose. 00:46:18 – 00:49:20 (Séquence 27) : L'interlocuteur demande à Hughes Richard s’il se considère aujourd'hui comme un poète ou un libraire. Hughes Richard revient sur le travail qu'il a accompli, il parle d'une publication d'un livre de prose, "Neiges", une sorte de prolongement du livre "Petite musique des pays sans printemps". Hughes Richard parle de sa prise de conscience du temps qu'il lui reste à vivre. Il a trouvé son rythme d'écriture. Hughes Richard cite son dernier Haïku qu'il a tiré du livre, "A toi seule, je dis oui", dédié à sa femme : "toutes voiles dedans, le voyage est intérieur à présent". 00:49:34 – 00:49:52 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Hughes Richard, poète et libraire en chambre, et tourné aux Ponts-de-Martel le 8 septembre 1995. Lien aux découpage sur la base de données original
Département de l'instruction publique du Canton de Berne.
Œuvres citées : Cendrars, Blaise. "Vol à voile" Événements : guerre mondiale 2 Citations : "J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t’en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur de temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t’attends"